Imagerie médicale appliquée à l'anatomie clinique de chéloniens. Modèle de la Tortue de Floride, Trachemys scripta subsp. elegans (Wied, 1839)

Abstract

Le but de cette étude est d'exploiter les techniques actuelles d'imagerie médicale au cas singulier de la tortue, dont la problématique relève d'une sorte de crâne à pattes. Son anatomie exceptionnelle est en effet caractérisée par une double cuirasse d'écailles kératinisées et de plaques osseuses dermiques ainsi que par l'absence de diaphargme. La cavité pleuropéritonéale unique est entièrement cernée par l'exosquelette de la carapace, qui abrite tous les organes internes. L'appareil respiratoire primitif fonctionne grâce aux mouvements de l'animal et le système circulatoire rudimentaire dépend d'un seul ventricule cardiaque. La technologie moderne fait indifféremment appel à l'empreinte laissée par les rayons X sur une plaque photographique ; à l'écho acoustique renvoyé à partir des ultrasons émis par une sonde mécanique linéaire ou sectorielle à balayage ; à la transmission de l'image, soit photonique (à travers des fibres optiques) soit électronique ( grâce aux signaux numériques d'un microprocesseur) ; à la résonance magnétique de la radioactivité émise par des marqueurs biologiques issus de la médecine nucléaire ; et à la tomodensimétrie en trois dimensions. La radiographie permet tout d'abord la mise en évidence de structures dont la différence de densité est importante ( poumons os). L'utilisation de produits de contraste radio-opaques étend son application aux excavations anatomiques (intestin, vaisseaux sanguins). L'échographie est une technique de choix pour l'examen de l'appareil uro-génital et la détermination du genre des Chéloniens juvéniles avant maturité sexuelle. L'endoscopie, c'est-à-dire la fibroscopie mais surtout la laparoscopie, semble avoir été conçue pour la tortue : son intérêt est de rendre possible un accès facile et peu invasif à pratiquement chacun des organes, donc la collecte de prélèvements sous forme de biopsies atraumatiques. La scintigraphie est certes intéressante mais contraignante à cause de la manipulation de isotopes radioactifs. L'usage vétérinaire de la tomodensimétrie se développe, malgré sa rareté et son coût souvent prohibitif. Le facteur limitant de la démarche diagnostique est donc, plutôt que la technologie en elle-même, la dimension de la tortue : plus l'animal est grand, plus les examens seront facilités.