Évaluation expérimentale des effets sédatifs, cardiovasculaires et respiratoires de la médétomidine par voie intranasale chez le chat

Abstract

La sédation chez le chat est un acte couramment utilisé en médecine vétérinaire. Elle peut cependant être à l’origine d’effets secondaires non désirés et potentiellement une source de stress importante, du fait de la contention nécessaire à l’administration des médicaments. Cette étude a pour but de décrire la faisabilité de l’administration intranasale de médétomidine chez le chat ainsi que d’évaluer les effets sédatifs, cardiovasculaires et respiratoires dont elle est à l’origine en la comparant avec l’administration intramusculaire. Cette étude expérimentale prospective a été réalisées sur 26 chats mâles entiers présentés au CHUVAC pour une castration chirurgicale. Les chats ont été répartis en deux groupes recevant 40 μg/kg de médétomidine par voie intramusculaire (groupe IM) ou par voie intranasale sous forme de goutte (groupe INg). Un certains nombre de paramètres cliniques et instrumentaux (cardiovasculaires, respiratoires, faisabilité de l’administration, scores de sédation) ont été suivis sur une période d’une heure (T0 à T60), au moment de l’extubation (Text) et sur une période de deux heures suivant l’extubation (Text+1h et Text+2h). Plusieurs tests statistiques ont été réalisés pour comparer les paramètres au cours du temps et entre les deux groupes. L’administration INg se révèle ainsi plus facile à réaliser que l’administration IM 5 [3 – 5] versus 3 [2 – 5]). La mise en place ainsi que le pic sédation sont atteints plus rapidement après une administration IM comparée à une administration INg (10 min versus 15 min ; 10 min versus 20 min). La durée est également plus longue en IM (90,6 ± 33,26 min versus 73,06 ± 11,47 min) résultant en une plus grande proportion d’antagonisation pour ce groupe. Concernant le pic de diminution de la fréquence cardiaque, il est plus limité après une administration INg (31 ± 10% versus 48 ± 11 %). Il n’y a en revanche pas de différence significative concernant les autres paramètres cardiovasculaires (pression artérielle, couleur des muqueuses et temps de recoloration capillaire), les paramètres respiratoires (fréquence respiratoire et saturation artérielle en O2), le score de douleur post-opératoire. Aucun effet secondaire 48 heures après l’intervention n’a été observé dans les deux groupes. L’administration intranasale de 40 μg/kg de médétomidine produit une sédation efficace avec moins d’effets cardiovasculaires (notamment la bradycardie moins importante) qu’une administration IM et pourrait être considérée comme une alternative à la voie IM chez le chat